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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/532

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1794 (9 thermidor de l’an II de la République), représente la période la plus importante de toute la Révolution. Les grands changements dans les rapports entre citoyens, dont l’Assemblée constituante ébaucha le programme pendant la nuit du 4 août 1789, s’accomplissaient enfin, après quatre ans de résistance, par la Convention épurée, sous la pression de la révolution populaire. Et c’est le peuple, ce sont les « sans-culottes », comme on disait alors, qui, non seulement forcent la Convention à légiférer dans ce sens, après lui en avoir donné le moyen, par l’insurrection du 31 mai ; mais ce sont encore eux qui mettent ces mesures à exécution sur place, par le moyen des sociétés populaires, auxquelles s’adressent les conventionnels en mission lorsqu’ils doivent créer sur les lieux la force exécutive.

La famine continue à régner pendant cette période, et la guerre, que la République doit soutenir contre la coalition du roi de Prusse, de l’empereur d’Allemagne, du roi de Sardaigne, et du roi d’Espagne, poussés et soudoyés par l’Angleterre, prend des proportions terribles. Les besoins de cette guerre sont immenses ; on ne s’en fait pas même idée si on ne prend pas note des menus détails qui se rencontrent dans les documents de l’époque et qui figurent la pénurie, la ruine à laquelle la France est acculée par l’invasion. Dans ces circonstances vraiment tragiques, lorsque tout manque, — le pain, les souliers, les bêtes de trait, le fer, le plomb, le salpêtre, et lorsque rien ne peut entrer ni par terre, à travers les quatre cent mille hommes lancés contre la France par les alliés, ni par mer, à travers le cercle de vaisseaux anglais qui font le blocus, — dans ces circons-