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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/533

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tances se débattent les sans-culottes pour sauver la Révolution qui semble prête à sombrer.

En même temps, tout ce qui tient pour l’ancien régime, tout ce qui occupait jadis des positions privilégiées et tout ce qui espère, soit reprendre ces positions, soit s’en créer de nouvelles sous le régime monarchiste, dès qu’il sera rétabli — le clergé, les nobles, les bourgeois enrichis par la Révolution — tous conspirent contre elle. Ceux qui lui restent fidèles doivent se débattre entre ce cercle de baïonnettes et de canons qui se serre autour d’eux, et la conspiration intérieure qui cherche à les frapper dans le dos.

Voyant cela, les sans-culottes s’empressent de faire en sorte que lorsque la réaction aura repris le dessus, elle trouve une France nouvelle, régénérée : le paysan en possession de la terre, le travailleur des villes accoutumé à l’égalité et à la démocratie, l’aristocratie et le clergé dépouillés des fortunes qui faisaient leur vraie force, et ces fortunes passées déjà en des milliers d’autres mains, morcelées, entièrement changées d’aspect, méconnaissables, pour ainsi dire, impossibles à restituer.

La vraie histoire de ces treize mois — juin 1793 à juillet 1794 — n’a encore jamais été faite. Les documents qui serviront un jour pour l’écrire existent dans les archives provinciales, dans les rapports et lettres des Conventionnels en mission, dans les minutes des municipalités, des sociétés populaires, etc. Mais ils n’ont pas encore été dépouillés avec le soin qui a été donné aux actes concernant la législation de la Révolution, et il faudrait se presser pourtant, puisqu’ils disparaissent rapidement. Cela demandera sans doute le travail d’une