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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/605

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virent forcés de demander aux habitants des habits, des bas, des souliers, des chemises, des draps de lit, des couvertures et du vieux linge — pour habiller les volontaires déguenillés, ainsi que des lits dans les maisons particulières, pour soigner les blessés. Mais tout cela ne suffisait pas, et de temps en temps les conventionnels en mission se voyaient forcés d’imposer de lourds impôts révolutionnaires qu’ils faisaient prélever surtout sur les riches. Ce fut surtout le cas en Alsace, où les grands seigneurs ne voulaient pas renoncer à leurs droits féodaux, pour la défense desquels s’était armée l’Autriche. Dans le Midi, à Narbonne, un des représentants de la Convention se vit obligé de requérir tous les citoyens et les citoyennes de la ville pour décharger les barques et charger les charrettes qui devaient transporter des fourrages pour l’armée[1].

Peu à peu, cependant, l’armée fut réorganisée. Les généraux girondins furent éliminés ; des jeunes prirent leurs places. C’étaient partout des hommes nouveaux, pour lesquels la guerre n’avait jamais été un métier, et qui arrivaient aux armées avec tout l’enthousiasme d’un peuple en révolution. Ils créèrent bientôt une nouvelle tactique, que plus tard on attribua à Napoléon, la tactique des déplacements rapides et des grandes masses écrasant l’ennemi dans ses corps d’armée séparés, avant de

  1. Faut-il dire que malgré tout ce que les historiens réactionnaires racontent sur la Terreur, on voit, d’après les documents des Archives, que seuls, les sans-culottes et quelques jeunes citoyennes se rendirent à cet appel patriotique : qu’« aucun muscadin et aucune muscadine » ne se trouvèrent sur les quais du canal. Sur quoi le représentant se borne à imposer aux riches un « don patriotique » à l’avantage des pauvres.