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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/616

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médiaire des municipalités et des sections sans-culottes, et à Paris par la Commune.

La loi municipale de décembre 1789 ayant donné aux municipalités un pouvoir considérable, d’autant plus grand que les organes du pouvoir central dans les provinces avaient été abolis, la Révolution de 1793 trouvait son meilleur appui dans les municipalités et les sections. On comprend donc que les Montagnards tenaient à conserver cet instrument puissant de leur action[1].


Mais c’est aussi pourquoi les Girondins, dans le projet de constitution que, seul, le soulèvement du 31 mai les empêcha d’imposer à la France, avaient pris soin de briser les communes, d’abolir leur existence indépendante, et de renforcer les directoires de département et de district — organes des propriétaires et des « honnêtes gens ». Pour y arriver, ils demandaient l’abolition des grandes communes et des municipalités communales, et la création d’une nouvelle, d’une troisième série d’unités bureaucratiques, les directoires de canton, qu’ils appelaient des « municipalités cantonales ».

Si ce projet était accepté, les communes qui représentaient, non pas un rouage de l’administration, mais des collectivités qui possédaient des terres, des bâtiments, des écoles, etc., en commun, devaient dispa-

  1. Lorsque, le 27 mars 1793, le Comité de défense générale, alarmé de la situation de la France en face de l’invasion, appela dans son sein les ministres et la Commune de Paris pour les consulter, Marat, résumant ce qui se faisait déjà, leur dit que « dans une telle crise, la souveraineté du peuple n’était pas indivisible, que chaque Commune était souveraine sur son territoire, et que le peuple pouvait prendre les mesures que demandait son salut. » (Mémoires de Thibaudeau ; Michelet, livre X, ch. I).