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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/617

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raître, pour être remplacées par des agglomérations purement administratives.

Les municipalités villageoises prenaient, en effet, très souvent le parti des paysans, et les municipalités des grandes villes, ainsi que leurs sections, représentaient souvent les intérêts des citadins pauvres. Il fallait donc donner aux bourgeois aisés un organe qui remplaçât ces municipalités, et les Girondins espéraient évidemment le trouver dans un directoire cantonal qui se rattacherait aux directoires — éminemment bureaucratiques et conservateurs, on l’a vu — du département et du district, plutôt qu’au peuple.

Sur ce point, — très essentiel à notre avis, — les deux projets de Constitution, celui des Girondins et celui des Montagnards, se séparèrent complètement.

Un autre changement, très important, que les Girondins essayèrent d’introduire (il fut repoussé d’ailleurs par le Comité de constitution), c’était les deux Chambres, ou bien, faute de cela, une division du corps législatif en deux sections, comme ce fut fait plus tard dans la constitution de l’an II (1795), après la réaction de thermidor et le retour des Girondins au pouvoir.

Il est vrai que le projet de constitution des Girondins semblait sous certains rapports très démocratique, en ce sens qu’il confiait aux assemblées primaires des électeurs, en plus du choix de leurs représentants, le choix des fonctionnaires de la trésorerie, des tribunaux, et de la Haute Cour, ainsi que des ministres[1] et qu’il introdui-

  1. Chaque assemblée primaire devait désigner sept ministres, et l’administration du département formerait avec ces noms une liste de treize candidats pour chaque ministère. Les assemblées primaires, convoquées une seconde fois, devaient élire les ministres sur ces listes.