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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/648

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très populaire à Paris, et Chaumette s’en fit l’apôtre.

Il est évident que l’industrie intéressa, à cette époque, bien moins que l’agriculture. Cependant le négociant Cusset, que Lyon avait élu membre de la Convention, parla déjà de la nationalisation des industries, et L’Ange développa un projet de phalanstère où l’industrie s’unirait à l’agriculture. Depuis 1790, L’Ange avait fait à Lyon une sérieuse propagande communiste. Ainsi, dans une brochure, datée de 1790, il développait les idées suivantes : « La Révolution, disait-il, allait être salutaire : un renversement des idées l’a pestiférée ; par le plus affreux des abus des richesses, on a métamorphosé le souverain » (le peuple). « L’or… n’est utile et salutaire qu’entre nos mains laborieuses ; il devient virulent quand il s’accumule dans les coffres des capitalistes… Partout, Sire, où Votre Majesté portera ses regards, elle ne verra que la terre occupée que par nous ; c’est nous qui travaillons, qui sommes les premiers possesseurs, les premiers et les derniers occupants effectifs. Les fainéants qui se disent propriétaires ne peuvent que recueillir l’excédent de notre subsistance. Cela prouve du moins notre co-propriété. Mais si, naturellement, nous sommes co-propriétaires et l’unique cause de tout revenu, le droit de borner notre subsistance et de nous priver du surplus est un droit de brigand. »[1] Ce qui représente, à mon avis, une façon très juste

  1. Plaintes et Représentations d’un citoyen décrété passif, aux citoyens décrétés actifs, par M. L’Ange, Lyon, 1790, p. 15 (Bibl. nationale). Sur les idées plus ou moins socialistes du « Cercle Social », fondé par l’abbé Fauchet, et qui avait pour organe La Bouche de fer, voyez A. Lichtenberger, Le Socialisme et la Révolution française, ch. III, p. 69.