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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/649

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de concevoir la « plus-value ». Et, raisonnant toujours sur les faits réels — sur la crise des subsistances, traversée par la France — il arrivait à proposer un système d’abonnement des consommateurs pour acheter à des conditions déterminées l’ensemble de la récolte, — le tout, au moyen de l’association libre, s’universalisant librement. Il voulait, en outre, le magasin commun, où tous les cultivateurs pourraient porter leurs produits pour être vendus. C’était, on le voit, un système qui niait, dans le commerce des denrées, le monopole individualiste, et le régime étatiste de la Révolution ; il anticipait le système moderne des fruitières coopératives, associées pour écouler ensemble les produits de toute une province, comme on le voit au Canada, ou de toute une nation, comme c’est le cas au Danemark.

En général, c’est surtout le problème des subsistances qui passionna les communistes de 1793 et les amena à imposer à la Convention le maximum et à énoncer ce grand principe : la socialisation des échanges, la municipalisation du commerce.

En effet, la question du commerce des grains domina partout. « La liberté du commerce des grains est incompatible avec l’existence de notre République », disaient les électeurs de Seine-et-Oise, en novembre 1792, à la Convention. Ce commerce se fait par une minorité dans un but d’enrichissement, et cette minorité a toujours intérêt à produire des hausses artificielles des prix, qui font toujours souffrir le consommateur. Tout moyen partiel est dangereux et impuissant, disaient-ils ; ce sont les moyens termes qui nous ruineront. Il faut que le commerce des grains, que tout l’approvisionnement