Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/708

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de tous les représentants en mission, quelles qu’eussent été leurs fautes. Les Hébertistes triomphaient ; Robespierre et Couthon, malades, ne se montraient pas.

Sur ces entrefaites, Saint-Just, revenu des armées, prononçait à la Convention, le 8 ventôse (26 février), un grand discours qui produisit une forte impression et brouilla toutes les cartes. Loin de parler de clémence, Saint-Just fit sien le programme terroriste des hébertistes. Lui aussi menaça, et bien plus fort qu’eux. Il promit d’entamer précisément le parti des « hommes usés », puisqu’il indiqua, comme victimes prochaines de la guillotine, les dantonistes, — la « secte politique qui marche à pas lents », « joue tous les partis » et prépare le retour de la réaction ; qui parle clémence, « parce que ces gens ne se sentent pas assez vertueux pour être terribles. » Ici, il eut beau jeu, puisqu’il parla au nom de la probité républicaine, alors que les hébertistes — du moins en paroles — s’en moquaient, et donnaient ainsi à leurs ennemis la possibilité de les confondre avec la tourbe des « profiteurs » de la bourgeoisie qui ne voyaient dans la Révolution que le moyen de s’enrichir.

Quant aux questions économiques, la tactique de Saint-Just, dans son rapport du 8 ventôse, fut de reprendre pour son compte — très vaguement — quelques-unes des idées des Enragés. Il avoua qu’il n’avait pas pensé jusqu’alors à ces questions. « La force de choses, dit-il, nous conduit peut-être à des résultats auxquels nous n’avions point pensé. » Mais aujourd’hui qu’il y pense, il n’en veut pas tout de même à l’opu-