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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/709

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lence en soi ; il ne lui en veut que parce que les ennemis de la Révolution la détiennent : « Les propriétés des patriotes sont sacrées, mais les biens des conspirateurs sont là pour les malheureux. » Il développe tout de même quelques idées sur la propriété du sol. Il veut que la terre appartienne à celui qui la cultivera : que l’on saisisse la terre chez celui qui ne l’aura pas cultivé pendant 20 ou 50 ans. Il rêve une démocratie de petits propriétaires vertueux vivant dans une modeste aisance. Et il demande enfin que l’on saisisse les terres des conspirateurs pour les donner « aux malheureux. » Il ne peut y avoir de liberté tant qu’il y aura des malheureux, des indigents, et tant que les rapports civils (économiques) aboutissent à des besoins contraires à la forme de gouvernement. « Je défie, dit-il, que la liberté s’établisse, s’il est possible qu’on puisse soulever les malheureux contre le nouvel ordre de choses ; je défie qu’il n’y ait plus de malheureux si l’on ne fait en sorte que chacun ait des terres… Il faut détruire la mendicité par la distribution des biens nationaux aux pauvres. » Il parle aussi d’une espèce d’assurance nationale : d’un « domaine public établi pour réparer l’infortune du corps social. » Il servira à récompenser la vertu, à réparer les malheurs individuels, à l’éducation. — Et, avec tout cela, beaucoup de Terreur. C’est la terreur hébertiste, légèrement teintée de socialisme. Mais ce socialisme est décousu. Ce sont des maximes, plutôt que des projets de législation. On voit que Saint-Just ne vise qu’une chose : c’est de prouver, comme lui l’a dit, que « la Montagne reste toujours le sommet révolutionnaire. » Elle ne se laissera pas devancer. Elle guillotinera les