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Paris dévorait les pamphlets révolutionnaires, dont il paraissait dix, douze, vingt chaque jour, et qui passaient rapidement des mains des riches dans celles des plus pauvres. On s’arrachait la brochure de Sieyès, Qu’est-ce que le Tiers ? les Considérations sur les intérêts du Tiers-État, par Rabaud de Saint-Étienne, qui avait une légère teinte de socialisme, Les Droits des États généraux, de d’Entraigues, et des centaines d’autres, moins fameuses mais souvent plus mordantes encore. Tout Paris se passionnait contre la Cour et les nobles, et c’est dans les plus pauvres faubourgs, dans les plus interlopes cabarets de la banlieue, que la bourgeoisie alla bientôt frapper la royauté. En attendant, le 28 avril éclatait l’insurrection que l’on appela plus tard « l’affaire Réveillon » et qui apparut comme un des avant-coureurs des grandes journées de la Révolution.

Le 27 avril, les assemblées électorales se réunissaient à Paris, et il paraît que pendant la rédaction des cahiers dans le faubourg Saint-Antoine, il y eut conflit entre les bourgeois et les travailleurs. Les ouvriers posaient leurs doléances, et les bourgeois leur répondirent par des grossièretés. Réveillon, un fabricant de papier et de papiers peints, autrefois ouvrier lui-même, arrivé par une habile exploitation à devenir patron de 300 travailleurs, se fit surtout remarquer par la grossièreté de ses propos… On les a tant de fois entendus depuis : « Le travailleur peut bien se nourrir de pain noir et de lentilles ; le froment n’est pas pour lui, etc… »

Y a-t-il quelque chose de vrai dans le rapprochement qui fut fait plus tard par les riches, lors de