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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/73

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l’enquête sur l’affaire Réveillon, entre le soulèvement même et ce fait, mentionné par les commis des fermes, qui prétendaient qu’« une multitude immense » de gens pauvres, déguenillés et d’allure sombre étaient entrés ces jours-là dans Paris ? Il ne peut y avoir là-dessus que des conjectures — oiseuses, après tout. Étant donné l’état des esprits et la révolte grondant aux alentours de Paris, l’attitude de Réveillon vis-à-vis des ouvriers ne suffisait-elle pas, à elle seule, pour expliquer ce qui arriva le lendemain ?

Le 27 avril, le peuple, furieux de l’opposition et des propos du riche fabricant, portait son effigie, pour la juger et l’exécuter, place de Grève. À la place Royale, le bruit se répand que le Tiers-État vient de condamner Réveillon à mort. Mais arrive le soir, et la foule se disperse en semant l’effroi chez les riches par les cris qu’elle fait retentir dans la nuit. Enfin, le matin suivant, le 28, la foule vient à l’usine de Réveillon, force les ouvriers à quitter le travail, puis assiège la maison du fabricant et la met au pillage. Arrive la troupe, à laquelle le peuple résiste en lançant des pierres, des tuiles et des meubles, par les fenêtres et de dessus les toits. Alors la troupe tire, et le peuple se défend plusieurs heures de suite avec fureur. Le résultat est : 12 soldats tués et 80 blessés ; 200 hommes tués du côté du peuple et 300 blessés. Les ouvriers s’emparent des cadavres de leurs frères et les portent dans les rues des faubourgs. Puis, quelques jours plus tard, il se forme un attroupement de 500 à 600 hommes à Villejuif, et ils veulent forcer les portes de la prison de Bicêtre.

Voici donc le premier conflit entre le peuple de Paris