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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/727

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de tuer Collot d’Herbois et l’affaire étrange de Cécile Renault contribuèrent à faire voter la loi du 22 prairial.

Vers la fin d’avril il y avait eu à Paris une série d’exécutions qui avaient dû réveiller les haines des royalistes. Après la fournée du 13 avril (Chaumette, Gobel, Lucile Desmoulins, la veuve d’Hebert et quinze autres), on avait exécuté d’Éprémesnil, le Chapelier, Thouret, le vieux Malesherbes, défenseur de Louis XVI à son procès, Lavoisier, le grand chimiste et bon républicain, et enfin la sœur de Louis XVI, madame Élisabeth, qu’on aurait pu mettre en liberté, en même temps que sa nièce, sans aucun danger pour la République.

Les royalistes s’agitaient, et le 7 prairial (25 mai), un certain Ladmiral, un buraliste d’une cinquantaine d’années, vint à la Convention avec l’intention de tuer Robespierre. Il s’y endormit pendant un discours de Barère et manqua le « tyran ». Alors il tira sur Collot d’Herbois au moment où celui-ci montait l’escalier pour rentrer dans son logement. Une forte lutte s’engagea entre les deux, et Collot désarma Ladmiral.

Le même jour, une jeune fille de vingt ans, Cécile Renault, fille d’un papetier très royaliste, se présentait dans la cour de la maison où Robespierre logeait chez les Duplay, et insista pour le voir. On se méfia d’elle, on l’arrêta, et deux petits couteaux furent trouvés dans ses poches. Son langage incohérent pouvait laisser supposer qu’elle méditait un attentat contre Robespierre, — très enfantin, en tout cas.

Il est probable que ces deux attentats furent un argument en faveur de la loi terroriste.