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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/729

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Nantes ou à Lyon, et l’on se préparait à la résistance. Très probablement, il y eut des projets d’insurrection[1]. Et alors, ce furent des fournées de cent cinquante accusés à la fois, exécutés en trois détachements, — forçats et royalistes menés ensemble à l’échafaud.

Il est inutile de s’arrêter à ces exécutions. Il suffira de dire que du 17 avril 1793, jour de la fondation du tribunal révolutionnaire, jusqu’au 22 prairial an II (10 juin 1794), c’est-à-dire en quatorze mois, le tribunal avait déjà fait exécuter à Paris 2.607 personnes ; mais que depuis la nouvelle loi, en quarante-six jours, du 22 prairial au 9 thermidor (27 juillet 1794), le même tribunal fit périr 1.351 personnes.

Le peuple de Paris eut bientôt horreur de tous ces convois de tombereaux, qui amenaient les condamnés au pied de la guillotine, et que cinq bourreaux réussissaient à peine à vider chaque jour. On ne trouvait plus de cimetières pour enterrer les victimes, puisque des protestations vigoureuses s’élevaient chaque fois que l’on ouvrait pour cela un nouveau cimetière dans quelque faubourg.

Les sympathies du peuple travailleur de Paris tournaient maintenant vers les victimes, d’autant plus que les riches émigraient, ou se cachaient en France, et que la guillotine frappait surtout les pauvres. En effet, sur 2.750 guillotinés dont Louis Blanc a retrouvé les états, il

  1. Une perquisition faite dans les prisons amena la saisie chez les prisonniers de sommes d’argent considérables (864.000 livres), indépendamment des bijoux, si bien qu’on évaluait le total à quelque chose comme 1.200.000 livres en possession des suspects dans les prisons.