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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/77

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quelques réformes légères dans les finances, pour lesquelles un peu d’économie dans les dépenses aurait suffi. Il demandait « l’accord des ordres », alors que les assemblées provinciales avaient déjà montré que l’existence d’ordres séparés était surannée dans les esprits, — un poids mort, une survivance du passé. Et, alors que tout était à refaire – comme dans la Russie actuelle — le roi exprimait surtout des craintes « d’innovations ! » ainsi s’annonçait, déjà dans ce discours, la lutte de vie et de mort qui allait commencer entre l’autorité royale et le pouvoir représentatif.

Quant aux représentants de la nation, eux-mêmes, par leurs divisions, faisaient déjà pressentir la profonde scission qui allait se produire dans toute la Révolution, – entre ceux qui se cramponneraient à leurs privilèges, et ceux qui chercheraient à les démolir.

Enfin, la représentation nationale montrait déjà son défaut capital. Le peuple n’y était pas du tout représenté ; les paysans en étaient absents. C’est la bourgeoisie qui se chargeait de parler pour le peuple en général ; et quant aux paysans, — dans toute cette assemblée d’hommes de loi, de notaires, d’avoués, il n’y en avait peut-être pas cinq ou six qui eussent connu l’état réel, ou bien même l’état légal de l’immense masse des paysans. Tous hommes de la ville, ils sauront bien défendre le citadin ; mais quant au paysan, ils ne sauront même pas ce qu’il lui faut, ni ce qui lui serait nuisible.

La guerre civile est déjà dans cette enceinte, où le roi, entouré de nobles, parle en maître au Tiers, et lui reproche ses « bienfaits ». Le garde des sceaux, Barentain, laissant percer la vraie intention du roi, appuya sur le