Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/88

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sonne, et ces bienfaits seraient : l’abolition de la corvée (déjà faite en grande partie), de la mainmorte et du franc-fief, la restriction du droit de chasse, la substitution d’un enrôlement régulier au tirage de la milice ; la suppression du mot taille ; et l’organisation des pouvoirs provinciaux. Tout cela d’ailleurs à l’état de vaines promesses, ou bien même de simples titres de réformes ; car tout le contenu de ces réformes, toute la substance de ces changements, devaient encore être trouvés ; et comment pouvait-on les trouver sans porter la hache sur les privilèges des deux ordres supérieurs ? Mais le point le plus important du discours royal, — puisque toute la révolution allait bientôt pivoter sur ce sujet, — c’était la déclaration du roi concernant l’inviolabilité des droits féodaux. Il déclarait propriétés absolument et à jamais inviolables, les dîmes, les cens, les rentes et les droits seigneuriaux et féodaux ! Avec cette promesse, le roi mettait évidemment la noblesse de son côté, contre le Tiers. Mais, faire une promesse de cette étendue, c’était circonscrire d’avance la Révolution, de façon à la rendre impuissante à réformer quoi que ce fût dans les finances de l’État et dans toute l’organisation intérieure de la France. C’était maintenir en entier la vieille France, l’ancien régime. Et l’on verra plus tard que dans tout le corps de la Révolution, la royauté et le maintien des droits féodaux — la vieille forme politique et la vieille forme économique — vont être associés dans l’esprit de la nation.

Il faut dire que la manœuvre de la Cour réussit jusqu’à un certain point. Après la séance royale, la noblesse fit une ovation au roi, et surtout à la reine, au