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Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/99

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la Cour. Pour dissiper ces rassemblements, « jadis il eût suffi d’une compagnie de suisses ; aujourd’hui il faudrait un régiment ; dans quinze jours il faudra une armée », disait Arthur Young aux approches du 14 juillet (p. 219).

En effet, dès la fin de juin, le peuple de Paris était en pleine ébullition et se préparait à l’insurrection. Déjà au commencement de juin on s’attendait à des émeutes, à cause de la cherté des blés, dit le libraire anglais Hardy, et si Paris resta calme jusqu’au 25 juin, c’est que, jusqu’à la séance royale, il espérait toujours que l’Assemblée ferait quelque chose. Mais, le 25, Paris comprenait qu’il ne restait d’autre espoir que l’insurrection.

Une partie des Parisiens se portait sur Versailles, prêt à engager un conflit avec les troupes. À Paris même, il se formait partout des attroupements « disposés à se porter aux plus horribles extrémités », lit-on dans les Notes secrètes adressées au ministre des affaires étrangères, publiées par Chassin (Les Élections et les cahiers de Paris, Paris, 1889, t. III, p. 453). « Le peuple a été en mouvement toute la nuit, il a fait des feux de joie et il a tiré un nombre prodigieux de fusées devant le Palais Royal et le Contrôle Général. » On criait : « Vive M. le duc d’Orléans ! »

Ce même jour, le 25, les soldats des gardes-françaises désertaient leurs casernes, fraternisaient en buvant avec le peuple qui les attirait dans divers quartiers et parcouraient les rues en criant : À bas la calotte !

Entre temps, les « districts » de Paris, c’est-à-dire les assemblées primaires des électeurs, surtout celles des quartiers ouvriers, se constituaient régulièrement et pre-