grâce aux documents et au travail philologique, nous avions accès à la conscience des sociétés elles-mêmes, car il s’agit ici de termes et de notions ; ceci restreignait encore le champ de nos comparaisons. Enfin chaque étude a porté sur des systèmes que nous nous sommes astreint à décrire, chacun à la suite, dans son intégrité ; nous avons donc renoncé à cette comparaison constante où tout se mêle et où les institutions perdent toute couleur locale, et les documents leur saveur[1].
PRESTATION, DON ET POTLATCH
Le présent travail fait partie de la série de recherches que nous poursuivons depuis longtemps, M. Davy et moi, sur les formes archaïques du contrat[2]. Un résumé de celles-ci est nécessaire.
Il ne semble pas qu’il ait jamais existé, ni jusqu’à une époque assez rapprochée de nous, ni dans les sociétés qu’on confond fort mal sous le nom de primitives ou inférieures, rien qui ressemblât à ce qu’on appelle l’Économie naturelle[3]). Par une étrange mais classique aberration, on choisissait même pour donner le type de cette économie les textes de Cook concernant l’échange et le troc chez les Polynésiens[4]). Or, ce sont ces mêmes Polynésiens
- ↑ Les notes et tout ce qui n’est pas on gros caractères ne sont indispensables qu’aux spécialistes.
- ↑ Davy, Foi Jurée (Travaux de l’Année Sociologique, 1922) ; voir indications bibliographiques dans : Mauss, Une forme archaïque de contrat chez les Thraces, Revue des Études grecques, 1921 ; R. Lenoir, L’Institution du Potlatch, Revue Philosophique, 1924.
- ↑ M. F. Somlo, Der Güterverhehr in der Urgesellschaft (Institut Solvay, 1909), a donné de ces faits une bonne discussion et un aperçu où, p. 156, il commence à entrer dans la voie où nous allons nous engager nous-même.
- ↑ Grierson, Silent Trade, 1903, a déjà donné les arguments nécessaires pour en finir avec coe préjugé. De même Von Moszkowski, Vom