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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/116

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LES TROIS COCUS

heures et demie du matin et une heure de l’après-midi… Sa femme, qui évidemment doit connaître le bonhomme, est aussi convaincue, de son côté, qu’il est coupable… Seulement, que voulez-vous y faire ?… Si vous déposez une plainte pour provoquer une action correctionnelle, ce portier a de grandes chances d’être acquitté ; il ne paraît pas jouir de la plénitude de sa raison… Il vaut mieux que vous intentiez, à lui et au propriétaire responsable, une action purement civile qui pourra vous valoir des dommages-intérêts.

Bredouillard opina dans le même sens. Une assignation, par laquelle M. Tardieu, le propriétaire, était sommé de restituer Pélagie ou sinon d’avoir à payer trente mille francs de dommages-intérêts, fut rédigée dans la soirée. Bredouillard se chargea d’activer la procédure. Laripette jura qu’il ne se contenterait pas des dommages-intérêts, mais qu’il tirerait une vengeance éclatante de ce coup d’audace. Bredouillard lui conseilla le calme, et l’engagea à faire une visite au président Mortier pour tâcher de se le rendre favorable.

Laripette revint à son domicile.

Une surprise l’y attendait. Accrochée à son cordon de sonnette, était une majestueuse feuille de papier timbré.

M. Tardieu l’invitait à « comparoir » par devant le tribunal civil pour entendre prononcer la résiliai ion de son bail.

— Par exemple ! voilà qui est le comble du toupet ! s’écria Robert. Il invoque Pélagie pour me donner congé et il me la supprime !… Celle-là est trop raide… Voilà qui me décide à parler au président… Je verrai bien si cet homme, si prévenu qu’il soit, refusera de me rendre justice.

Et il grimpa tout d’une traite jusqu’au second.

Le président n’était pas encore de retour du tribunal, et sa femme venait d’avoir une explication avec l’abbé Chaducul.

Le vicaire de Saint-Germain-l’Empalé, que nous avons laissé au moment où la veille au soir il se dirigeait en coulant, déguisé en pompier, vers la rue de la Gaîté, n’avait pas le moins du monde l’envie de concourir à éteindre l’incendie signalé. Il allait du côté du sinistre, mais avec l’intention formelle d’obliquer par la première rue propice, et de s’en revenir tranquillement ensuite chez lui.

Voyez la guigne ! il fit rencontre d’un camarade. Celui-ci l’emmena à l’incendie. Personne des pompiers qui manœuvraient contre-le feu ne le connaissait ; mais, à Paris, le corps des pompiers est si nombreux qu’un simple soldat peut y passer inaperçu.