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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/131

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LES TROIS COCUS

C’est l’homme le plus heureux de la terre. Jamais aucun doute ne s’est élevé dans son esprit sur la vertu de sa femme, qui d’ailleurs n’a que des bontés et des prévenances pour lui. Cependant, il l’est, et fortement encore ; mais il n’en sait rien. Tout ce qu’il sait, c’est que le peu de temps qu’il passe à la maison, il est dorloté comme un gros angora.

Comment se douterait-il de son malheur, puisque son malheur est pour tous, lui compris, un véritable bonheur ?

II

Le Cocu bousculé.

Ne lui parlez pas du mariage, à celui-ci.

— Quelle stupide invention ! vous répondrait-il.

Et, en effet, pour cet époux dupé, le malheur n’a commencé à fondre sur sa tête que du jour où il a eu la sotte idée de prendre femme.

Cependant, elle était charmante, sa femme, dans les premiers jours de leur union ; mais, malheureusement aussi, madame est très capricieuse. Un beau matin, son caractère a changé du tout au tout. À la suite de l’établissement d’un jeune peintre dans la maison, elle est devenue maussade pour son mari. Celui-ci a voulu se rebiffer à la première gronderie, mais madame est de taille à porter la culotte : et, depuis lors, du matin au soir, monsieur est rudoyé à un tel point, qu’il se sauve bien vite au cercle dès qu’il croit apercevoir un nuage à l’horizon.

Il ne se rappelle pas sans amertume les beaux jours de sa lune de miel ; mais comme il a perdu tout espoir de voir cesser la lune rousse, il regrette terriblement l’heureuse époque de son célibat.

III

Le Cocu imaginaire.

Il ne l’est pas ; mais il finira par l’être.

Jour et nuit, il surveille sa femme, que ces soupçons commencent déjà à mettre de fort mauvaise humeur.

Il a beau faire des factions de plusieurs heures à la porte de sa moitié, il ne voit entrer chez elle, ni en sortir, per-