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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/173

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LES TROIS COCUS

général. Voyons, consentez-vous à nous en donner votre parole de déshonneur ?

— Je vous la donne.

— C’est bien. Jurez-vous d’emmener souper en cabinet particulier les Maçonnes de l’Amour chaque fois qu’il vous arrivera de les rencontrer en ville, soit seules, soit au nombre de deux ?

— Je le jure.

— C’est bien. Quand vous rencontrerez trois maçonnes, vous ne serez pas tenu de leur offrir à souper ; mais vous devrez prendre rendez-vous avec chacune d’elles pour chacun des trois jours suivants. À partir du chiffre de quatre, vous n’aurez aucune obligation envers elles.

— Oh ! quatre maçonnes ne m’épouvantent pas.

— Cela fait votre éloge… Je continue… Jurez-vous de propager les principes de la Société et de lui amener de bonnes recrues, tant de votre sexe que du nôtre ?

— Je le jure.

— Jurez-vous de ne révéler nos mystères à qui que ce soit ?

— Je le jure.

— Parfait. Jurez-vous de venir au moins une fois par quinzaine en ce temple, qui se nomme le Temple de Cupidon ?

— Je jure d’y venir tous les huit jours au minimum.

— Admirable. Jurez-vous de payer chaque année, à l’une d’entre nous, que le sort désignera, un voyage d’agrément et d’étude des beautés de la nature ?

— Je le jure et suis prêt à payer mon premier voyage. Bruscambille se dressa et étendit la main sur le vicaire :

— Romuald Chaducul, je le sacre apprenti-chevalier des Maçonnes de l’Amour. Dès à présent, nous te tutoierons et tu nous tutoieras. Nous sommes tes mères et tu es notre neveu. Surtout, retiens bien le mot sacré qui Couvrira dans toutes les villes les temples des Maçonnes de l’Amour.

— Ce mot, quel est-il ?

— Il se prononce en levant la jambe droite en équerre… Ecoute le mot sacré, et retiens-le… CRAC-MICMAC…

Toutes les maçonnes furent debout à la seconde et, levant la jambe à une bonne hauteur, répétèrent :

— Crac-Micmac !

Puis elles se prirent par la main et dansèrent une ronde échevelée autour du « gracieux néophyte », ainsi que l’avait appelé Bruscambille. Dans cette sarabande folâtre, on ren-