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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/261

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LES TROIS COCUS

Mme Mortier, mais n’en dit rien. Seulement, le lendemain, il tentait une démarche auprès de la sensible présidente et il réussissait pleinement. Quelques jours après, Marthe, vexée sans doute d’être sacrifiée par Robert et ne pouvant plus sentir son mari, fila avec le chapelier.

La colonelle et la plumassière avaient pris la chose du bon côté. Elles firent des remontrances très vives à l’ingrat, lui dépeignirent les horreurs du mariage ; rien ne put ébranler les résolutions de Robert, dont l’amour pour Briséis était chaque jour plus ardent. Elles se vengèrent, l’une avec Saint-Brieux, ! autre avec Belvalli. Ce qui ne les empêcha pas de venir à la noce et d’avoir l’air parfaitement indifférentes à ce qui se passait.

Ceux qui se consolèrent le plus difficilement de la fugue de Marthe furent le président, son mari, et ses deux confesseurs. Romuald et Huluberlu étaient devenus les meilleurs amis du monde. Le curé de Saint-Germain apprit à son vicaire comment il s’était introduit deux fois dans son domicile ; c’était par un balcon donnant sur le jardin. Il avait loué une chambre au même étage que Chaducul dans la maison voisine, et, pour venir dans le cabinet de son vicaire, c’était l’affaire d’une enjambée.

Philéas, ne voyant jamais paraître le véritable Groussofski, garda pour toujours soutane et tonsure. L’autre, qui avait de sales histoires en Pologne, eut le bon esprit de ne jamais faire connaître son identité : il préféra subir sa prison sans scandale. Irlande et Scholastique donnèrent enfin le jour aux petits Pie IX. Les gosses arrivèrent au nombre de trois, Scholastique ayant eu la belle idée de pondre une paire de jumeaux Cette trinité de mômes combla de joie les deux vieilles filles, qui virent dans le chiffre des bébés une nouvelle manifestation divine. Elles attendirent les événements.

Le général Sesquivan est toujours aussi ganache que par le passé. Ses amis ont toutes les peines du monde pour l’empêcher de déposer au Sénat un projet de loi autorisant les prêtres à palper dans les rues les rotondités des dames collectivistes.

Pharamond Le Crépu est en passe de devenir député. Il prépare un programme dans lequel il demande la socialisation du sol et du sous-sol ; il veut la suppression des propriétaires et même de la monnaie ; en attendant, il a loué à Paris une boutique qu’il a transformée en cabinets d’aisance et qui est située dans un quartier où les gens sont affairés. L’établissement porte cette enseigne : À la Brise du Soir. Il est tenu par Paméla et sa sœur, Mme Suprême, la