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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/33

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LES TROIS COCUS


Vive Jésus en tous mes pas !
Vivent ses amoureux appas !

Vive Jésus, lorsque sa bouche
D’un baiser langoureux me touche !

Vive Jésus dont tous les sens
Exhalent parfums enivrants !

Vive Jésus, quand ses blandices
Me comblent de chastes délices !

Vive Jésus, quand ses beaux yeux
Jettent un regard gracieux !

Vive Jésus, qui me tourmente !
Vive Jésus, qui me contente !

Vive Jésus qui prend mon cœur
Et qui le remplit de bonheur !

Vive Jésus, lorsqu’à mon aise
Il me permet que je le baise !

Vive Jésus, dont le désir
M’inonde d’un si doux plaisir !

Vive Jésus, lorsque, pâmée,
Je me trouve en lui transformée ![1]

On comprendra sans peine qu’une jeune fille, élevée aux chants de pareils cantiques, aspire, après les joies mystiques du ciel, aux douceurs plus confortables du paradis terrestre.

La veille encore du jour où M. le maire ceignit son écharpe en l’honneur des novis[2], le colonel apparaissait aux yeux de la brune Pauline comme un Jésus en chair et en os ; une auréole de gloire militaire, planant sur sa tête, relevait encore son prestige. Par exemple, le lendemain, quand ses anciennes compagnes de pension l’avaient interrogée, curieuses, la jeune épouse avait répondu, avec une moue significative, que le mariage était une amère déception.

Néanmoins, pendant sept années consécutives, c’est-à-dire jusqu’au mois de juin 1881, Pauline avait été, envers son retraité de mari, d’une fidélité remarquable. Ce furent les

  1. Ce cantique, qui est un curieux échantillon de la littérature religieuse, se trouve textuellement dans le volume : Les Perles de Saint François de Sales, ou pensées bienheureux, mises en ordre par le Révérend père Huguet, de la Compagnie de Jésus. Le volume, qui est de 320 pages in-32, a été édité à Paris, en 1871, par la librairie catholique Ruffet.
  2. Mot marseillais qui veut dire : les nouveaux mariés.