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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/68

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LES TROIS COCUS

hommes ?… Au premier abord, cette idée de la simultanéité en amour paraît monstrueuse à cause de son opposition avec nos mœurs, opposition qui n’est au fond que dans la publicité de la chose… Pourtant, s’il est vrai que l’équilibre des diverses fonctions ne se rencontre jamais, ne peut-il arriver à un homme de trouver dans une femme un complément physique à peu près parfait, sans être aussi bien complété par elle intellectuellement et sentimentalement, bien qu’au fond cet autre complément existe assez pour que la passion de cet homme soit de l’amour ?… Ceci ne me paraît pas douteux.

« Si ce premier fait est possible, ne peut-on aussi admettre que le même homme puisse rencontrer dans une autre femme les conditions inverses, c’est-à-dire un complément intellectuel ou sentimental à peu près parfait, uni à un complément physique trop faible pour lui suffire, quoique assez fort pour permettre parfois l’union entre ces deux êtres ?

« Mais alors, cet homme, au lieu de trouver à se compléter entièrement par une seule femme, se compléterait par deux femmes différentes. L’amour en lui se trouverait dédoublé. »

M. Naquet poursuit son raisonnement et termine par cette conclusion : c’est que la simultanéité en amour n’a rien d’illogique ni de contre nature.

Or, comme il reconnaît trois sortes de beautés bien distinctes, il s’ensuit que très sincèrement un homme peut aimer au moins trois femmes à la fois.

Robert Laripette était partisan de ce système.

— Une femme, disait-il, est très jolie, sans être cependant ni bête ni méchante ; je puis l’aimer pour sa beauté physique. Une autre est bonne à l’excès, sans être cependant ni laide, ni bête ; je puis l’aimer pour sa beauté sentimentale. Enfin, une troisième est spirituelle comme tout, sans être cependant ni méchante, ni laide ; je puis l’aimer pour sa beauté intellectuelle. Total : trois amours simultanés qui ne se contredisent pas.

D’autre part, notre jeune docteur tenait essentiellement à sa liberté, ha seule idée du mariage lui donnait un froid dans le dos.

bu reste, avec sa théorie des trois amours simultanés, il lui était impossible de se marier en Europe, la polygamie y étant partout interdite, sauf en Turquie ; mais Robert n’aimait pas les musulmanes.

Ne voulant donc pas se mettre dans le cas d’être à un