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Page:Léo Taxil - Les trois cocus.pdf/72

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LES TROIS COCUS


CHAPITRE IX

LES ESPRITS FRAPPEURS


— Je te dis qu’ils sont tous des monstres !

Ainsi s’exprimait Mme Suprême, la chapelière, en parlant des hommes ; et c’était à sa sœur cadette, Paméla Le Crêpu, qu’elle tenait ce langage.

— Tous des monstres !… Tous, sans exception !… Vois par exemple mon mari, Augustin… En voilà un à qui on donnerait le bon Dieu sans confession, n’est-ce pas ?… Eh bien, il a des intrigues avec la domestique du président Mortier… Ils s’adressent leur correspondance dans la coiffe du chapeau de ce magistrat vénérable… J’ai surpris le truc… Elle s’appelle Églantine…

— Un nom de sorcière !

— Elle écrit à Augustin qu’elle rêve de lui et qu’elle a hâte de lui raconter ses songes…

— C’est de l’audace !…

— Tout cela se faisait à ma barbe… je veux dire, à mon nez… Je n’y voyais que du feu… Aussi, maintenant, je suis devenue d’une méfiance… Je ne lui laisse plus un prétexte pour écrire… C’est moi qui fais tout le courrier de la maison… Il n’a plus le droit de toucher à une plume, à un encrier… Je rédige même les factures… Je supprime le papier de partout…

— De partout ?

— Oui. Je ne veux pas qu’il en ait la moindre feuille sous la main… De cette façon, toute correspondance lui est impossible.

Et Mme Suprême racontait à sa sœur Paméla tout ce qu’elle avait imaginé pour empêcher n’importe quelle communication entre son mari et cette sirène d’Églantine.

À quelle occasion l’ex-demoiselle des Méditations de Lamartine était-elle à Paris ?

Voici : — Son mariage avec le cordonnier lyrique avait été néfaste à l’établissement du Cours, à Marseille.