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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/111

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LE DÉRÈGLEMENT DES PERSONIMAGES.

ironie grossière, mais utile. Il y a encore, et en grand nombre, dans les couches populaires, où les personimages sont forcément instables et assez confuses (par manque de nourriture intellectuelle), des disciples de Marat en puissance ; et ceci nous conduit à l’altération logique des personimages et à la si intéressante et grave question de la persistance et de la virulence des idées fausses.

Une des plus frappantes parmi ces idées, est le préjugé d’égalité. Nous ne le trouvons nulle part dans la nature, où tout est proportion, dépendance et hiérarchie. Il est d’invention humaine et se retourne cependant contre l’humanité, qu’il abrutit en temps de paix et qu’il dévaste en temps de guerre. C’est, au résumé, un principe de mort, puisqu’il n’est réalisé que dans le tombeau, réceptacle de la parfaite égalité devant le ver. D’origine mathématique et même numérique, il satisfait l’envie populaire et est ainsi d’autant plus difficile à extirper. L’erreur de logique, infiniment répandue, de laquelle il découle, est une erreur héréditairement transmise, qui fait partie d’une foule de personimages, conçues comme équivalentes ou égales. En effet, il n’existe pas de perspective de dimension pour les figures intérieures et elles apparaissent donc, ce qui est faux, comme de même taille, de même poids, de même importance, dans le moment où elles nous dominent et nous imprègnent.

Conclusion : le soi est hiérarchique et constructeur, alors que le moi est égalitaire et niveleur. Ces