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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/219

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LA SPHÉRICITÉ DES PERSONIMAGES.

qu’aux mots qui les représentent. Les esprits les plus actifs n’ont présents, en général, qu’un très petit nombre de segments éclairés d’hérédofigures à la fois, ce qui évite la confusion mentale. Ce nombre se restreint encore dans le cas de l’intention, du projet, puis de la décision volontaire, qui accompagne l’impulsion créatrice du soi. D’où cet aphorisme : plus notre volonté est forte et claire, plus le champ de notre souvenir est restreint. Une concentration préalable de la mémoire est nécessaire à la détermination et à l’acte, quel que soit d’ailleurs le champ idéal sur lequel cet acte doit retentir. Le rêve, stimulant de l’action quand il se concentre, ralentit puis éteint celle-ci, quand il s’éparpille, pour une cause ou pour une autre, notamment sous l’influence de l’opium. Hâtons-nous d’ajouter que la méditation n’est pas le rêve. Elle en est même, d’un certain point de vue, tout l’opposé. Puisqu’elle a un objet, alors que la rêverie n’en a pas. C’est pourquoi les mystiques, méditatifs par excellence, sont aussi très souvent sur le plan de l’action. Exemples : Sainte Thérèse, saint Ignace de Loyola, saint François d’Assise, etc…

Il est surprenant de constater sur quel petit nombre de personimages, (que nous savons maintenant être des hérédosphères), s’appuie la vie humaine courante. Moins sensible quant aux idées, l’importance de l’omission l’est davantage quant aux personnes. Le souvenir du mort le plus cher, au bout de quelques mois, n’est plus que rarement présent