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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/22

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rament a sa propension imaginative, corrigée plus ou moins par le bon sens et la conscience de la réalité immédiate. Il ne faut pas conclure de là que l’imagination soit toujours opposée au bon sens. Elle peut se faire son meilleur auxiliaire et l’étendre alors jusqu’au génie.

Il est diverses formes d’images, selon qu’elles sont éveillées dans l’esprit par la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat, le goût, ou par une fonction organique, ou par le trouble de cette fonction, ou par un conflit d’hérédismes, ou par une modification, une transformation, lente ou brusque, de la personnalité. Nous les passerons rapidement en revue. Les images éveillées par les présences sensibles ont généralement une courte durée. Faites l’expérience suivante : mettez-vous, de préférence un jour de beau soleil, devant une fenêtre bien éclairée, dont la vitre dessine un losange ou une ellipse, ou mieux une succession de figures géométriques, séparées par un liséré de plomb. Regardez en face, avidement, puis fermez les yeux. Sur un fond obscur apparaîtra une figure brillante, correspondant à celle de la vitre, qui ira peu à peu se déformant, puis s’estompant, non sans se joindre et se mêler à un certain nombre d’autres images, qui seront celles fournies synchroniquement par le travail incessant de la pensée. Vous distinguerez ainsi, dans cette sorte de chambre obscure, la superposition d’un souvenir visuel immédiat et de souvenirs antérieurs, jusqu’à ce que, après bien des combinai-