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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/26

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sont qu’un fourmillement d’erreurs, dues, pour la plupart, à l’état de mensonge et de dissimulation chronique de ces demi-endormis que l’on appelait des hystériques.

Les images dont la genèse est actuellement la plus obscure sont celles qui tiennent à la transformation, lente ou brusque, de la personnalité. Je crois cependant, pour les avoir longtemps suivies et observées, dans la littérature et dans les hommes, qu’elles sont très répandues et fréquentes. Elles se caractérisent à la fois par leur fugacité et par leur répétition. Elles nous assaillent ainsi que de harcelants moustiques, qui espacent ou précipitent leurs piqûres. Elles agissent à la façon d’un bombardement discontinu, mais persistant d’atomes, au sein d’une combinaison chimique. C’est pourquoi on les confond volontiers, tantôt avec une impulsion brusque, tantôt avec une obsession arithmétique, nostalgique ou sexuelle. Elles s’en distinguent par plusieurs signes : le principal et le plus frappant de ceux-ci est une sensibilisation générale de l’esprit et du corps, une sorte de courte euphorie ou dysphorie, accompagnée d’une illusion de compréhension globale des choses et des gens. C’est, dans le cas euphorique, comme si un monde nouveau s’ouvrait au sein de la conscience, parmi une délicieuse fraîcheur et nouveauté de l’entendement. Il n’est aucun d’entre nous qui ne se rappelle avoir connu cet état intérieur, indépendant, semble-t-il, de toute circonstance extérieure, et qui se renou-