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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/35

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que sur les nerfs à vif est infini, comme le serait d’ailleurs ce profond silence, que celui qui a une bonne oreille peut peupler de toutes les harmonies célestes. Les images sonores d’un orchestre ou d’un instrument sont plus submergeantes que celles suscitées par une lecture ou un spectacle, mais elles ont contre elles leur vague imprécision, qui va quelquefois panser une plaie secondaire de l’âme, en laissant la principale intacte.

Un des hommes qui aient le plus vivement senti et exprimé le remède qui se trouve dans la musique est cet hérédo de Frédéric Nietzsche. Ses pages là-dessus sont définitives. L’harmonie lui était évidemment nécessaire, pour accorder les personnages composites qui se disputaient son imagination et qui finirent, le tréponème aidant, par la dérégler et l’anéantir.

La contemplation prolongée de la mer, glauque ou noire sous un ciel gris, comme en Bretagne, bleue ou acier sous un ciel doré, comme en Provence, règle et apaise grandement la faculté d’imaginer. La vue, l’oreille, le sens spécial du rythme sont également envahis par cette immense pulsation mobile, qui va rejoindre en nous on ne sait quel mystérieux penchant à la cadence infinie :

Homme libre, toujours tu chériras la mer.

Les jeux des enfants, au bord de la mer sont particulièrement allègres et vifs, à cause de l’air salé et du sable, aussi de l’étendue sans limites, telle