Aller au contenu

Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/47

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ports réciproques du soi et du moi. Le présent ouvrage nous permettra de pénétrer dans ce monde des images qui constitue le moi. Un ouvrage ultérieur nous laissera — s’il plaît à Dieu — entrevoir l’action voulue et poursuivie du soi sur les multiples désordres du moi.

De ces images, participant à la trame morale et corporelle des personnages qui nous parcourent, les unes sont traduites en langage extérieur ou exprimé, c’est-à-dire en images secondes, les autres demeurent à l’état vaporeux et nébuleux, constituant ce qu’on appelle des états d’âme, ou des états organiques et physiques. Chez la plupart des humains, ce domaine de l’inexprimé est immense. Un Platon, un Plotin, un Épicure, un Montaigne, un Pascal, un Descartes, un Laënnec, un Shakespeare, un Pasteur, un Claude Bernard, un Mallarmé, un Arthur Rimbaud, un Robert Browning, un Moréas sont arrivés, par des prises de verbe ou de curiosité scientifique d’une rare complexité, à saisir ici et là l’insaisissable et à pêcher quelques poissons des grandes profondeurs mentales et somatiques. Mais la majorité des écrivains, des savants et des poètes, même aigus et retors, n’ont pas été beaucoup plus loin que la pelure des personimages. En psychologie, comme en mathématique, l’outil de l’analyse et de la synthèse, du différentiel et de l’intégral, est demeuré rudimentaire. La vue ne s’étend pas beaucoup au delà de l’extrême promontoire du langage intérieur, qui est comme le mutisme lucide du langage articulé. Cer-