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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/81

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duit aux manies, aux obsessions, aux aberrations sexuelles et à l’inversion elle-même, relative ou absolue.

Il existe, dans la littérature médicale de l’aliénation morale (les Boches disent Psychopathie sexuelle), des cas, parfaitement authentiques, de dévirilisation d’un individu masculin ou de virilisation d’un individu féminin, sous l’influence répétée du vice solitaire. Ces cas s’expliquent aisément, si l’on considère qu’une personimage héréditaire féminine, évoquée maintes fois, stabilisée, devenue envahissante par le mécanisme de l’excitation et de la jouissance sexuelles, finit par pénétrer jusqu’au physique de son descendant et le transformer corporellement. En d’autres termes, il n’y aurait, selon moi, qu’une différence de degré entre l’inversion congénitale spontanée (si même celle-ci existe) et l’inversion acquise. Dans le premier cas, l’imprégnation sexuelle de nom contraire (masculine chez la femme, féminine chez l’homme) se produirait pendant la gestation ; dans le second, après la naissance et sous l’influence du vice solitaire.

Il est d’ailleurs à remarquer qu’il n’est pas une observation d’inverti qui ne s’accompagne de l’aveu de pratiques solitaires dans l’enfance. J’en dirai autant des diverses formes d’aberration sexuelle, fétichisme, obsession, masochisme, etc… pour lesquelles il n’est qu’une seule explication possible : arrêt et fixation d’une image flottant dans l’esprit