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Page:Léon Daudet – Le Monde des images.djvu/88

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Le dérèglement des images comporte un grand nombre de modalités, dont l’exposé complet présumerait une classification complète des personimages. Mais celle-ci serait-elle même une revue infinie des ressources plastiques de l’esprit humain.

Ce dérèglement peut être quantitatif, selon que l’évocation des personimages apparaît comme accélérée ou comme ralentie. Il peut être qualitatif, et porter sur telle partie, sentimentale, ou sensitive émotionnelle, ou logique, ou intuitive logique, ou sensuelle, ou verbale de l’ensemble constituant la personimage. Il peut être temporaire ou permanent. Ces divers points doivent être examinés ici.

Il y a un rythme normal (nous l’avons déjà établi) des personimages dans l’être humain et ce rythme, que règle le soi, constitue l’équilibre mental et moral. Analogue à la gravitation, il ramène, au bout d’un temps donné (qui constitue les saisons et les jours psychiques), certains états intellectuels, moraux et corporels. Les créateurs, principalement les créateurs littéraires, connaissent bien ces retours périodiques d’une idée ou d’un groupe d’idées, qui se présentent à l’intelligence sous un aspect différent, mais analogue. Les amoureux et les sensibles connaissent aussi ces reviviscences d’états joyeux ou douloureux, inquiets et confiants, déjà vécus, accompagnés de curiosité charnelle non émoussée, de prédilection étrange pour telle ou telle partie de l’objet aimé. Il n’est pas un rêveur, qui ne retrouve, à quelques années de distance, les mêmes rêves et