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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/196

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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

Crozon (Gambetta et la Défense nationale), paru à la Nouvelle Librairie nationale. Il n’y a rien à ma connaissance, dans la littérature européenne, depuis Swift, qui puisse être comparé, en force comique et tragique, à ce travail de redressement historique, appuyé uniquement sur des textes officiels. C’est grand comme le monde ! Aucune réfutation de ce travail unique n’a été tentée par les derniers zélateurs de celui dont la langue ensalivée et menteuse (et non le cœur), eût dû être transférée au Panthéon.

Ledit Panthéon, conservatoire de divers représentants du Stupide, se trouve donc renfermer côte à côte, aujourd’hui, les restes de Victor Hugo, ceux de Zola et le cœur de Gambetta. Ce trépied du culte démocratique a toute la valeur d’un symbole. Au fronton, on voit, gravée dans la pierre, l’apothéose de cette épopée impériale, célébrée en long et en large par tous les historiens d’Académie, les Masson, les Vandal, les Henry Houssaye, qui a mis l’Europe à feu et à sang, pour aboutir à Trafalgar et à Waterloo, puis à Sedan, au massacre et à la dépopulation. La charge, que bat le petit tambour d’Arcole (célébré par Mistral dans un poème resplendissant comme une matinée de printemps rue Soufflot), est ainsi, en effet, la plus gigantesque « charge » (au sens rapin du mot) qui ait été montée au peuple français. À l’intérieur de ce monument élevé à l’Erreur, reposent le grand sexuel verbal Hugo, dans la pourpre de ses insanités lyriques et épiques, le grand fécal Zola, offi-