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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/197

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AFFAISSEMENT DE LA FAMILLE ET DES MŒURS.

ciant de cet Êtron Suprême, qui est le dernier mot de la mystique révolutionnaire, et l’inénarrable viscère gambettique. C’est le cas de dire : comme on subit ses dieux on les honore. Depuis peu, ce tas laïque s’est complété de l’illustre chimiste Berthelot, génie funeste, auquel des millions d’amputés et de mutilés devraient apporter leurs béquilles et leurs moignons sanglants, car il inventa les principaux explosifs qui font aujourd’hui le bonheur de l’humanité et la sécurité des familles. Il n’y manque que son ami Renan, lequel paralysa, par le doute systématique et malingre du défroqué harmonieux (un doute qui ne doute pas de soi) deux générations que la démocratie vouait à l’holocauste de 1914. En vérité, on pourrait écrire une « prière sur le Panthéon » d’une autre portée et d’une autre signification que cet évangile selon saint Ernest, la « Prière sur l’Acropole », honorée par une Université la tête en bas, et dont fut abrutie notre jeunesse.

Un des « bienfaits » de la presse quotidienne aux innombrables rotatives, qui commença à fonctionner vers 1850, avec une ampleur sans cesse accrue, fut de répandre, dans le peuple ouvrier des villes, ces stupidités majeures de la bourgeoisie, devenue classe dirigeante. Il faut ici distinguer deux périodes : celle où le prolétariat industriel (pour employer ce mot affreux, mais typique) n’a pas ses journaux à lui. Il ingurgite alors le brouet que lui fabriquent les empoisonneurs de l’ancien Tiers. Celle (à partir de la Commune de Paris) où il a ses organes à lui,