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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/279

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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

seule année 1889, dans mon service de Broussais, mon interne d’alors, mon collègue d’aujourd’hui, M. Soucques, relevait dans une salle de 32 malades, 26 cas d’une authenticité indiscutable, avec anesthésie sensitivo-sensorielle partielle ou généralisée, anesthésie pharyngée, rétrécissement concentrique du champ visuel ; et, à ces stigmates classiques s’ajoutaient tous les accidents possibles de tremblement, d’hémiplégie, monoplégies, hémispasme glosso-labié, attaques apoplectiformes, etc.

Et Broussais n’était pas, croyez-le bien, un hôpital privilégié en matière d’hystérie masculine. À la même époque, dans le service de M. Raymond, à Saint-Antoine, huit cas étaient observés dans les deux seuls mois de février et mars 1890 ; à Bordeaux, dans le service du professeur Pitres, en quatre années, dans une salle de clinique générale de 38 lits, passaient 22 cas d’hystérie mâle indiscutable.

Et maintenant ? Par un singulier changement à vue, il n’y a presque plus d’hystérie dans ce nos services, pas plus chez les femmes que chez les hommes ; et, pour ma part, je crois bien qu’il y a plus de dix ans que je n’en ai observé un cas sérieux dans mes salles.

C’est que depuis Charcot, nos idées se sont profondément modifiées, en grande partie par le fait de la critique objective à laquelle M. Babinski a soumis la doctrine de l’hystérie. Ces hystériques si nombreux, si démonstratifs, si typiques, c’est