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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/280

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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

nous médecins, qui par nos méthodes imprudentes d’examen, en faisions la culture artificielle et intensive. Aujourd’hui que nous sommes avertis, l’hystérie a à peu près disparu de notre clinique hospitalière, pour se réduire à un substratum mental, sur lequel l’avis de plus compétents que moi est encore très partagé. »

On sait que l’éminent docteur Babinski (qui a d’ailleurs conservé le culte de son illustre maître Charcot) a baptisé « pithiatiques » les phénomènes fonctionnels, de suggestion et de persuasion, groupés naguère sous le nom d’hystérie. La notion, introduite par lui, du pithiatisme médical, est une des plus fécondes qui soient. Elle a permis, pendant la guerre, de récupérer un nombre considérable de simulateurs sans le savoir, de ceux qu’en 1889 on aurait qualifiés d’hystériques et traités (id est cultivés) comme tels. Or la force persuadante, et même fascinante, était, au plus haut point, en Charcot. Elle émanait de lui avec une vigueur quasi irrésistible. Elle s’imposait à ses élèves ; elle s’imposait à ses malades. C’était un puissant modeleur de la volonté d’autrui, si puissant qu’il forgea des symptômes et des syndromes fragiles, sur lesquels la psychologie, et même la philosophie de son temps, échafaudèrent d’orgueilleux systèmes, maintenant abattus ou branlants.

Il n’y a pas qu’à l’hystérie que puisse s’appliquer la notion critique, si féconde, du pithiatisme, du développement morbide par persuasion. Dans ces vingt dernières années, principalement en Alle-