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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/282

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LE STUPIDE XIXe SIÉCLE.

Nous ignorons encore les réactions de notre organisme, sous l’influence d’une idée fixe, prolongée pendant la veille et le sommeil, quelquefois d’une façon latente, et sous la couverture du spectacle changeant de la vie. Quand cette idée consiste en une image normale ou pathologique, appliquée à tel ou tel organe, il n’est pas téméraire de supposer qu’elle devienne motrice, et susceptible d’impressionner les tissus. Ainsi s’expliquent quelques observations d’enfants influencés, avant leur naissance, à l’état de fœtus, par telle ou telle difformité ou bizarrerie, qui avait ému, frappé la mère pendant la gestation, et reproduisant cette difformité ou cette bizarrerie.

Au résumé, et sans qu’il soit besoin de poursuivre indéfiniment cette énumération, chaque être humain possède en lui le moyen d’agir, soit sur ses propres tissus, soit sur ceux de ses semblables, par une irradiation de sa personnalité, plus ou moins vive selon les sujets. Il y a en nous une force, aussi mal connue que pouvait l’être l’électricité, il y a deux cents ans, que j’appellerai, faute d’un meilleur terme, psychoplastique, capable d’agir sur nos tissus, notre organisme, les tissus, l’organisme de nos semblables et aussi sur les substances organiques, animales ou végétales, destinées à modifier le milieu intérieur. Cette force n’est, aujourd’hui, ni différenciée nettement, ni mesurée. Nous savons seulement qu’elle varie en intensité, qu’il y a un indice psychoplastique et physioplastique, et que ces variations sont fonction de la personnalité elle-même, ou des circonstances qu’elle traverse. Les