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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/283

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DOGMES ET MAROTTES SCIENTIFIQUES.

efforts faits pour la recueillir expérimentalement et la multiplier, comme on recueille et multiplie, à l’aide d’appareils spéciaux, la force électrique, n’ont pas encore été couronnés de succès. Ce sera (tout donne à le penser) une des découvertes de demain.

La notion du pithiatisme (du grec peitheïn, persuader), dégagée tout récemment par le premier neurologue du XXe siècle commençant[1], ne s’applique pas seulement aux maladies. Elle s’applique aussi, pour quiconque réfléchit, aux doctrines en vogue, concernant la cause de ces maladies et leurs traitements. Elle explique le don de fascination, qui est en certaines personnalités, et leur permet d’exercer ici-bas, sur la pauvre orgueilleuse humanité, une action bienfaisante ou malfaisante. Si nous prenons trois hommes dont les noms ont rempli les arches du Stupide (ce pont entre deux immenses hécatombes), Bonaparte, Victor Hugo, Pasteur, nous reconnaissons aussitôt, en eux, trois types de pithiase caractérisée : le premier, de pithiase exaltante et sanguinaire ; le second, de pithiase exaltante et perturbante ; le troisième, de pithiase bienfaisante.

Le cas de Bonaparte et celui de Victor Hugo ont été suffisamment développés pour qu’il soit inutile d’y revenir. C’est par leur absurdité (jugée sublime) qu’ils ont surtout entraîné les hommes du XIXe d’abord leurs contemporains, puis les fils et petits-fils de ceux-ci. Avec la persuasion bienfaisante d’un Pasteur, évidemment convaincu lui-même, le cher

  1. Babinsky, déjà nommé.