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Page:Léon Daudet – Le stupide XIXe siècle.djvu/309

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CONCLUSION

naires eux-mêmes. Nous attendons encore maintenant le « thermidor » (au moins intellectuel) du libéralisme.

Troisième objection : Le XIXe siècle est le siècle de la Science et de l’Industrie.

Réponse. Corruptio optimi pessima. Le XIXe siècle (privé de la règle et de l’ordre) a tourné la science au fatalisme occidental, et l’industrie à la guerre. Il a obscurci la liberté intérieure, qui permet de discerner et d’éviter les chimères sanglantes. En tout, il a donné le pas à l’erreur et mis sous le boisseau la lumière des causes efficientes.

Quatrième objection : Comment définirez-vous cette erreur ?

Réponse. J’appelle erreur ce qui tue, et vérité ce qui vivifie. J’appelle erreur ce qui expose inutilement, et vérité ce qui protège. La première vague démocratique nous a valu le charnier révolutionnaire et napoléonien n° 1. La seconde nous a valu le charnier de 1870-1871. La troisième nous a valu le charnier de 1914. Du côté chair et sang, la chose est jugée par plusieurs millions de jeunes cadavres accusateurs.

Cinquième objection : Mais, de votre point de vue même, il y a eu une vigoureuse réaction, tout le long du XIXe siècle.

Réponse. Elle n’a pas été assez vigoureuse, puisqu’elle ne l’a pas emporté. Le libéralisme avait su lui persuader qu’il faut avoir honte de la vigueur. Marius et Cicéron avaient endoctriné Sylla. Signe incomparable de stupidité !