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Page:Lévis - Les Voyages de Kang-Hi, Tome I.djvu/189

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LES VOYAGES

dans des discussions métaphysiques sur cette hypothèse de beauté surnaturelle que le génie découvre, que le goût admire et qui étonne le vulgaire, je vous dirai avec franchise, mon ami, ce que j’ai éprouvé, et comment ce que j’ai vu ici m’a fait changer entièrement d’opinion à ce sujet.

J’étois autrefois persuadé (et je crois que ce sentiment est fort répandu) que la beauté étoit indéterminée, arbitraire, et qu’elle varioit suivant le goût ou plutôt le caprice des différents peuples : je voyois que les Africains, par exemple, admiroient les grosses levres et le nez épaté ; que des peuplades entières vouloient avoir le front aplati, et moi-même je croyois, avec tous mes compatriotes, qu’un bel homme devoit avoir le cou court, les yeux petits, écartés, et le ventre gros ; et je vous avouerai même que