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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/215

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L’ÉTOURDI.


rions plus en ſûreté que dans celle où nous étions, & que je n’avais point ſaiſi le ſens de ſes premiers regards. Effectivement, il était imprudent de fermer la porte au verrou, c’était l’expoſer au danger du plus violent ſoupçon, ſuppoſé que ſon mari, ou que quelqu’un de ſes gens eût voulu entrer.

Je l’enlevai de deſſus ſa bergere, & tâchai, en la tranſportant, de lui faire oublier par des baiſers donnés en apparence avec feu, mais qui avaient plus d’expreſſion que de valeur réelle, à quel point, à tous égards, je lui manquais. Senſible apparemment à l’honnêteté de mon procédé, ou trop peu à elle-même pour ſavoir ſeulement ce qui ſe paſſait, elle ſe laiſſa entraîner, avec une douceur dont je ne perdrai jamais le ſouvenir, dans cette chambre, témoin ordinaire ſans doute du bonheur de quelqu’autre. Lorſqu’elle y arriva avec moi, mon premier empreſſement fut de chercher des yeux où je pourais la poſer. Une ottomane s’offrit à mes regards, je l’y jetai avec précipitation, & y tombai dans ſes bras.