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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/216

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L’ÉTOURDI.

Des reproches, des prieres, des menaces ſe ſuccéderent d’abord dans ſa bouche ; mais la faibleſſe de ſes efforts me diſait trop qu’elle était diſpoſée à me pardonner, pour ne pas abuſer de ſa clémence. Ah ! Chevalier, me diſait-elle, méritais-je de votre part un pareil procédé… Enfin voyant que rien ne me touchait que mes deſirs, elle ſe réſigna, en s’arrangeant toutes fois, le plus dignement poſſible. Mon cher mari, s’écria-t-elle alors, faut-il que je te faſſe infidélité, toi que j’aime tant ! Elle me ſerrait dans ſes bras avec toute l’ardeur que peut donner le moment qui précede celui du délire, en prononçant ce toi que j’aime tant. Elle reprit, tu ſais cependant, mon cher mari, comme je t’ai… me, le ſoupir du plaiſir étouffa le reſte.

À peine commençait-elle à r’ouvrir les yeux, lorſque nous entendîmes du bruit. Ce n’était rien du tout que M. le Conſeiller. Il marche, avec un pas ſi grave & meſuré, que j’eus du temps de reſte pour rajuſter ma parure. Son arrivée me donna pour ſa femme quelque

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