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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/231

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L’ÉTOURDI.


que je fus mille fois tentée de leur répondre comme Malherbe répondit à ſon confeſſeur qui lui faiſait la peinture des délices du Paradis, fi ! votre mauvais ſtyle m’en dégoûte.

Ennuyée de n’enviſager jamais que des voiles & des guimpes, je me mis à lutiner les religieuſes, & j’entraînais les penſionnaires à m’aider dans mes eſpiégleries. J’en fis de toute eſpece à ces bonnes béguines qui, n’y pouvant plus tenir, apprirent à mes parens le peu de diſpoſition que j’avais à être renfermée toute ma vie. Cette nouvelle, loin de faire changer le projet de ma mere, ne fit qu’accroître ſon impatience de me voir en âge de faire le ſacrifice de ma liberté, & de mon bonheur. Enfin arriva cet âge fatal. Auſſitôt ma mere vint m’ordonner, de me comdamner à finir le reſte de mes jours dans un couvent. Elle crut ſa préſence néceſſaire pour me déterminer plus aiſément d’entrer au noviciat.

Je n’avais pas vu ma mere depuis que j’étais au couvent. Dès que je l’apperçus, je l’accablai des plus tendres

careſſes,