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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/28

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L’ÉTOURDI.

Je me trouvai bientôt dans la ſituation la plus violente, & livré aux combats les plus affreux. L’amitié me reprochait tout ce qu’avait de répréhenſible, ma paſſion naiſſante ; l’amour, les charmes d’Euphroſine ne m’y montroient rien de coupable. Dois-je me livrer, me diſais-je, au plaiſir de l’aimer, au préjudice de la confiance de mon camarade ; ce plaiſir & quelque eſpoir balanceront-ils les ſentiments que je dois ſeul écouter, & tout ce que la beauté a de plus brillant, peut-il avoir ſur mon cœur les droits que l’amitié impoſe. Non, elle aura toujours les ſiens ; l’amour, Vénus, ne ſauraient les lui faire perdre. Ils l’emporterent cependant, & les ſentiments de délicateſſe, dont la nature décore notre ame, qui nous parlent ſi ſouvent, & quelquefois malgré nous, demeurerent ſans ſuccès. Je regardais, comme une beauté ſur laquelle j’avais des droits, celle que l’amitié aurait dû me faire reſpecter.

Tirons le rideau qui cache les ſentiments de nos cœurs. Nous apperçe-

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