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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/29

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L’ÉTOURDI.


vrons que c’eſt moins la voix du devoir, que la ſatisfaction de nos penchants qui les détermine ; & que peu d’hommes ſont aſſez ſûrs d’eux-mêmes pour réſiſter aux attraits d’une jolie femme, dont un coup d’œil de bonté ſoumet les puiſſances de notre ame, avant que nous nous ſoyons apperçus de ſon empire, & pu nous oppoſer à ſes progrès.

J’avais promis à Mademoiſelle de Therfort d’aller chercher la réponſe qu’elle devait faire au Chevalier. Cette occaſion me parut favorable ; je me parais plus qu’à l’ordinaire, me parfumais, & répétais pendant plus d’une heure devant les glaces, les graces avec leſquelles j’allais paraître devant le premier objet de ma tendreſſe.

Les aîles du deſir & de l’eſpérance m’amenerent au parloir. Euphroſine ne me fait pas attendre. Par un événement ſingulier. Elle avait ce jour là épuiſé toutes les reſſources de la toilette, dans l’intention d’achever ma défaite. Mais nous n’avions nul beſoin d’avoir recours à l’art ; nos cœurs étoient