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Page:L’Étourdi, 1784.djvu/54

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L’ÉTOURDI.

Ces idées accablantes ne me donnant aucune lueur d’eſpérance, me forcerent de prendre un parti auſſi violent que la haine de mes parens. Je me barricadai dans ma chambre, ne voulus recevoir perſonne, refuſai de manger, & menaçai de tuer quiconque ſerait aſſez audacieux pour oſer tenter de forcer mes barrieres.

Voilà la trempe des caracteres ſenſibles, dès qu’on les porte à l’extrémité, & qu’on enleve à leur ame les alimens dont ils ont beſoin, leur attendriſſement ſe change, en déſeſpoir.

Mon pere, après m’avoir infructueuſement envoyé tous les gens de la maiſon pour m’engager à ouvrir ma porte, détermina ma mere à venir elle-même me voir.

„ Il n’eſt plus temps, Madame, lui répondis-je à travers la ſerrure, M. de Falton a été inflexible, je le ſuis à mon tour, & juſques à ce qu’il m’aſſure lui-même qu’il me pardonne, ainſi que vous me l’annoncez, de ſa part, vous me permettrez de ne pas ouvrir. “

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