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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/109

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

D’une râpe à fromage la menace ;

Elle pare les coups, en vrai bravache,
Désarme son ennemie, en plein parvis,
Lui relève ses jupons et, dans ce duel,
S’écrie : « Qui me retient, que je ne te tue ?

» Je veux te laisser une marque, sans être féroce ; »
» Je veux te gratter les parties sensitives ; »
Et rageusement elle lui a râpé la gondole.

Avec grande raison celui qui écrit pense
Que puisqu’elle l’a grattée de cette manière,
Cela ne lui démangera plus de sa vie.


RÉPONSE

« Ne pouvant souffrir qui me dit vilenies
« En attaquant mon honneur, à coup de couteau,
« Je voulais me venger, me battre en duel,
« Et d’une balafre saigner cette indigne espèce.

« Mais avec une râpe à fromage, cette bravache
« M’a donnée en spectacle en plein parvis,
« Et comme vous le savez assez, m’a fait chose
« Bien pire encore que si elle m’eût tuée.

« Elle m’a râpée en femme barbare, féroce ;
« La raison, l’honneur, sont parties sensitives
« À lui brûler, à elle aussi, la gondole.

« Je réponds sur les mêmes rimes à l’auteur,
« Que quantum que grattée de cette façon,
« Femme reste sujette à démangeaison, tant qu’elle vit. »