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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/119

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Il n’est pas d’endroit plus plaisant au monde ;
Il éveille l’idée des Bacchanales,
Telles que les faisait Rome à son premier âge.

L’Hôte semble un général avec ses officiers,
Les casseroles servent de mousquets et de canons,
Les armes blanches sont broches, carafes et bouteilles.

Ces rôtis qui tournent au-dessus des chenets,
Et ce feu, qui ressemble à la fournaise,
Où se sont précipités ces bons coïons,

Je m’étonne que tant de bonnes choses ne plaisent
À toutes gens, et qu’il y en ait
Qui aiment mieux manger à la maison.

Comment peut-il exister des gens
Qui préfèrent rester chez eux à s’ennuyer,
Quand ils pourraient aller dans ces bordels ?

Avant d’y entrer on se pince la bouche ;
Quand on y est, on se sent une joie
Qui vous donne plus envie d’aller dans la rainure.

Voir l’osteria, c’est un beau spectacle ;
Tel va, tel vient, tel crie, tel cogne les plats,
Et tel à force de rire véritablement crève.

Là on chante, on danse comme des fous,
Et toutes les chambres sont pleines
De putains, de bardaches, de prêtres et de moines.

Autant de salons, autant de soupers ;
Tels jouent à la bassette, tels à la mourre,
Et l’on entend chanter mille refrains.