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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/118

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO

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Tercets

Vous me demandez si j’ai un casino ? je vous réponds
Que j’en ai plus de dix à ma disposition,
Et tous meilleurs l’un que l’autre ; oui mon ami.

Par des valets qui ne se croisent pas les bras,
Je suis servi avec la plus grande attention,
Et on me donne tout ce que je demande.

Si bien que j’en ai plus d’estime et de dévotion
Pour le premier qui, en ce monde, s’est fait hôte,
Que pour celui qui inventa la procession.

Je trouve toujours tout cuits un bouilli, un rôti,
Et aussitôt mangé, arrive en grande hâte
Celui qui m’a servi m’apporter le compte.

Si vous voulez que je confesse la vérité,
Il me plaît bien plus d’aller à l’osteria,
Que, les jours de fête, d’aller à la messe.

Là on se rend tout seul, ou bien en compagnie,
Et l’on s’y rend avec sa chère maîtresse,
Bien sûr que nul ne vous en chassera.

Oh ! c’est là une existence bénie
C’est le véritable état de Nature !
Tout le reste, qu’on se le boute sur le cul.

À quoi sert, pour manger, tant d’apprêt ?
Là on mange avec cette simplicité
Dont on usait avant de connaître l’écriture.