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Page:L’Œuvre du patricien de Venise Giorgio Baffo, 1910.djvu/161

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L’ŒUVRE DE GIORGIO BAFFO


Or pour cette bagatelle, à un homme tel que moi,
Me dire de me fouetter ! Oh ! fichtre ! quelle conscience !
Je crois que vous me coïonnez, oui par Dieu !

Pour un cul embroché semblable pénitence !
Je ne la ferais, certes, vrai comme il y a un Dieu,
Si j’avais défoncé le cul à Votre Révérence.


À L’AUTEUR TOUT SEMBLE MONICHE

Tout ce que je vois, flaire, goûte et sens,
Tout me semble Moniche ; si je regarde le ciel,
Et que je contemple ce qu’il a de beau,
Le Firmament, pour moi, devient une Moniche.

Si je touche la terre, l’eau, le feu ou le vent,
Il me semble toucher la Moniche, avec son poil,
Et si à ces corps pense ma cervelle,
Tout élément pour moi se transforme en Moniche.

Si je flaire une plante, une fleur, un arbre, un fruit,
Et tout ce que peuvent produire la terre et la mer,
Je sens partout l’odeur de la Moniche :

En somme si je veux réfléchir
À tout ce que la Nature a de beau et de laid,
Se convertir en Moniche ma pensée elle-même ;
Je ne sais où me fourrer,
Et si je veux me cacher en quelque trou,
Je vais donner du nez juste dans la Moniche.
Si je mets la main
Sur n’importe quoi qui se mange,
En Moniche pour moi se change le pain d’Espagne ;
Mais mon cœur ne s’en plaint,